Le dimanche des Rameaux est le dimanche avant Pâques et commémore l’entrée de Jésus à Jérusalem. Souvent, il est fait référence à une entrée triomphale. C’est exact si l’on pense à l’accueil que réserve la population locale à Jésus.
Dans les églises orthodoxes, catholiques, luthériennes, méthodistes, anglicanes, moraves et réformées, il est de coutume de distribuer des branches de palmier ou d’olivier aux paroissiens. – L’idée est de faire un geste et de se préparer à accueillir Jésus avec révérence et dévotion. Mais contrairement à la population de Jérusalem à l’époque, les chrétiens d’aujourd’hui savent ce qui attend Jésus dans la ville sainte: arrestation, humiliation, torture, crucifixion: la peine prononcée pour haute trahison.
A Jérusalem, lors de son entrée, Jésus est reçu comme un roi qui fait son entrée dans un lieu de ses futurs sujets. Les gens étalent leurs habits et des branches d’arbres sur la route devant lui. Si la population enthousiaste pense que Jésus fait une entrée triomphale pour s’affirmer et peut-être s’imposer ou au moins prendre une place significative au niveau religieux ou politique, leurs perspectives ne sont pas partagées par Jésus. Il avait annoncé à ses disciples, à leur désarroi, ce qui allait lui arriver.
Nous avons toutes les raisons de penser que Jésus anticipait un accueil enthousiaste. Il savait sans doute qu’un roi entre en ville en toute fierté, sur son meilleur cheval (seul les officiers militaires et les rois avaient des chevaux), exhibant sa supériorité et sa puissance, sa revendication du pouvoir exclusif et absolu. Certes, il aurait pu entrer tout simplement à pied, comme tout le monde. Alors pourquoi choisit-il de faire son entrée sur un âne, un jeune en plus, qui n’a encore jamais été monté.
Jésus sait que les peuples et les gens de la rue adorent les rois; qu’ils ont un faible pour les puissants et les personnages sauveurs. Il composait avec, mais à sa manière. Si le sauveur du monde arrive sur terre non pas en grande pompe mais comme un bébé dans une étable à l’écart des quartiers huppés, c’est logique qu’il fasse son entrée dans la capitale judaïque d’une manière symbolique, se présentant comme un anti-roi. Celui qui est assis sur un âne ne dépasse pas en hauteur les adultes, il est plus ou moins à hauteur d’un enfant. N’avait-il pas dit que pour entrer dans le royaume de Dieu, il fallait devenir comme les enfants? En plus, on ne peut pas conquérir un pays ou un peuple avec un âne. On ne fait pas la guerre avec des ânes. Les ânes, ce sont les animaux pour travailler, calmement et sans prétention. L’âne est l’animal ouvrier des pauvres sans ambition de grimper l’échelle sociale et politique.
Sur l’image en titre de cet article, Jésus est bien assis sur un âne, mais il est énorme. Et Jésus dépasse de loin toutes les têtes des gens autour de lui. Pietro Lorezetti (1320) montre un Christ roi, bien qu’il soit assis sur un âne. Au 14e siècle, il était probablement inimaginable de penser autrement. La seule différence qu’on pouvait faire à l’époque – et que nous devons faire encore aujourd’hui – c’est que l’âne est le symbole de la paix, en contraste au cheval qui, à l’époque, est clairement le symbole de la guerre. Jésus, prince de paix.
Reste une question à se poser de nos jours, où sont discrédités les rois et les royalistes, pour des raisons trop plausibles. D’ailleurs, la bible le dit et Marie le chante: les rois seront déchus de leur trône. Jésus avait dit à ses disciples: Je ne vous considère pas mes serviteurs, je vous considère comme mes amis. Tout au début de son ministère, Jésus avait refusé à être promu comme roi. Ce n’est pas son intention, ce n’est pas son rôle. Il se dit serviteur, il est venu pour servir. Jésus parle des humains non pas comme sujets ou comme servantes, mais comme frères et sœurs. Naomi Graber nous en a fait une esquisse dimanche passé, 21 mars: Il ne faut pas s’imaginer le royaume de Dieu comme étant un immense et magnifique palais avec un majestueux roi, mais plutôt comme le règne de Dieu par sa miséricorde et son amour.
Une idée pour la semaine entre les Rameaux et vendredi saint: lire les récits des évangiles placées entre l’entrée à Jérusalem et ceux de la passion. Ce n’est pas par hasard que les auteurs des évangiles ont mis ces textes entre deux…