Dimanche 28 juin 2020 – La confiance

Prédication par Hansuli Gerber.

Textes bibliques en référence: Matthieu 10, 40 – 42, Romains 12, 6 – 23

Depuis le début de cette année, nous avons réfléchi à la foi, ou plus précisément à notre manque de la foi et son augmentation, voire son approfondissement.

A partir de maintenant et jusqu’en automne, nous nous tournerons vers le thème de la confiance. La confiance, c’est proche de la foi. En fait, dans les traductions diverses de la bible, parfois les deux mots semblent interchangeables. Je ne vous propose pas aujourd’hui de méditer à la ressemblance des deux expressions, mais plutôt de nous pencher un moment sur les conditions de la confiance et ces enjeux. Ce n’est qu’un début, car c’est un grand thème qui est traité bien au-delà de la sphère religieuse. Bon nombre de spécialistes de la société s’y penchent depuis un certain temps. La perte de confiance est liée à l’augmentation de la corruption et des mensonges. Comment la confiance que nous accordons – ou que nous n’accordons pas – à quelqu’un ou à quelque chose se répercute-t-elle dans notre vie et dans notre monde? Quelles sont les conséquences?

Confiance et croyance

Alors je vous lance un petit défi ce matin en vous disant: Peu importe si tu crois en Dieu ou pas. La question est de savoir si tu lui fais confiance.

Nous en avions parlé lors de l’ouverture du thème de la foi: la foi, c’est différent de la croyance. Or aujourd’hui, trop souvent, la question de Dieu ou de la religion est réduite à une croyance. Si le diable existe bel et bien, lui aussi croit en Dieu. On peut croire en Dieu et faire confiance surtout à soi-même, à l’argent, à la force, etc.
C’est vrai qu’il ne faut pas tout croire, surtout dans notre temps de fake news. Mais là où les choses deviennent vraiment sérieuses, dans le sens existentiel de notre vie, c’est quand il s’agit de faire confiance, de se confier.

Perte de confiance

Actuellement, une perte de confiance dans nos sociétés est constatée. Selon des sondages en Allemagne, seul 19% ont confiance en la politique, presque 70% ont perdu confiance. La confiance continue à s’effondrer aussi vis-à-vis des médias, de la police, des membres de sa propre famille, dans les humains en général. On entend des personnes dire qu’ils aiment leur chat ou leur chien, car à lui on peut au moins faire confiance. On peut comprendre, et c’est vraiment triste. Nous vivons une perte de confiance dans la vie, non seulement dans les institutions et les gens, mais plus profondément dans la bonté inhérente de la création et de l’humanité. Le problème n’est alors pas de croire en Dieu ou pas, mais d’avoir perdu toute confiance, de ne plus savoir faire confiance.

La confiance est fondamentale

Pour préparer cette prédication, j’ai consulté des sites internet qui parlent de la confiance. Ce que j’ai découvert a dépassé mes attentes: la confiance est jugé par les spécialistes des questions de société (sociologues, anthropologues, politologues) comme absolument essentielle pour la société. Sans confiance, rien ne marche. La crise Covid a remis en avant ce constat. Le Conseiller fédéral Alain Berset a régulièrement parlé de confiance, mais aussi d’humilité. Je pense que les deux sont intimement liées. A mon avis d’ailleurs, lors de cette crise de la Covid-19, Berset s’est montré digne de confiance.

La confiance qu’a un petit enfant initialement est fondamentale et elle va être élaborée davantage. L’enfant non seulement fait confiance, il ne compte pas sur sa propre capacité. Il sait qu’il est dépendant. Plus tard, cette confiance peut se perdre pour de bon et il va être extrêmement long de construire une notion de confiance en qui et en quoi que ce soit. Comment se fait-il qu’aujourd’hui tant d’enfants grandissent sans apprendre la confiance? D’où vient le profond déficit de confiance dans notre société?

Actualité politique

Certains politiques misent sur la communication, d’autres misent sur l’argent, encore d’autres sur la force et la manipulation. Mais s’il n’y a pas ni confiance ni humilité, rien ne pourra arranger les choses. Ce qui se passe aux USA actuellement est une cruelle et tragique démonstration de cette vérité. On parle de Dieu, on se réclame du christianisme, même de Jésus, mais on se croit en-dessus de tout et on fait confiance surtout à l’argent et aux armes.

Le texte de ce dimanche

Ici peut intervenir la parole que Jésus dit à ses disciples, selon les évangiles de Matthieu et Luc : “Qui vous accueille m’accueille moi-même, et qui m’accueille, accueille celui qui m’a envoyé“.

Je suis frappé par ces paroles. Jésus ne dit pas: vous devez faire ceci et cela. Il dit: Qui vous accueille m’accueille. C’est merveilleux et réaliste en même temps. Il sait que pas tout le monde va accueillir les disciples. Mais quiconque les accueille, accueille Jésus, le Christ et qui accueille le Christ accueille celui qui l’a envoyé, Dieu le Père et Créateur de l’univers. Peu importe leur credo, leur histoire, leur couleur, leur opinion, leur grandeur de souliers.

Accueil – humilité – justice

Je suis frappé par une autre chose qui en fait n’aurait pas dû me surprendre: c’est le lien biblique entre la confiance, l’humilité et la justice. Quand vous lisez le texte de l’épître de ce dimanche, les Psaumes 30 – 35 et aussi les prophètes, vous trouverez souvent l’encouragement à faire confiance suivi par l’appel à faire justice, à être attentif à celles et ceux qui sont vulnérables et affaiblis, opprimés ou persécutés. Ces choses vont de paire.

Cela nous rappelle d’autres paroles de Jésus:
J’étais un étranger et vous m’avez accueilli
J’avais faim et vous m’avez donné à manger
J’étais nu et vous m’avez habillé
J’étais en prison et vous m’avez rendu visite (tous Mt 25)

Trois choses à revoir

La première chose, c’est que personne ne peut être obligé à faire confiance. La confiance ne s’impose pas, elle ne se décrète pas. Dieu serait le dernier à le faire. La confiance, c’est une porte ouverte, un accueil de libre consentement.

La deuxième chose, c’est admettre que nous sommes des humains faillibles comme tout le monde. Non seulement sommes nous faillibles, mais nous ne pouvons vivre que par nos propres moyens. Je pense qu’il faut arrêter de penser que les chrétiens sont meilleurs que les autres. Comme il faut arrêter de penser que les blancs sont meilleurs que les noirs et que c’est normal que les blancs soient supérieurs hiérarchiquement.

La troisième chose: reconnaître que l’église n’est pas le royaume de Dieu et qu’elle est faillible et imparfaite comme toute autre institution humaine. Il faut arrêter de penser que celles et ceux qui ne se joignent pas à nous sont perdus.

Confiance en Dieu?

Alors, mis à part son animal domestique, en qui peut-on avoir confiance dans ce monde devenu un peu ou totalement fou? Vous connaissez tous la bonne réponse : On peut faire confiance à Dieu. C’est bien de cela que la bible parle, du début à la fin. Les psaumes sont clairs: Ne te confie pas aux princes, mais confie-toi à Dieu. Mon oncle Samuel des Reussilles, le grand Samuel avec sa voix puissante, le disait souvent: c’est bien de faire confiance à des personnes. Mais il faut rester réaliste: on peut être mal compris, trahi ou même abandonné par n’importe qui, de toute façon, la personne en qui nous avons confiance va un jour mourir. Alors la seule confiance qui restera toujours sans faille, c’est celle envers Dieu. Dieu ne nous trahit jamais. Il nous défie, il nous laisse errer, mais il ne nous trahira pas.

Conclusion

Le texte de l’évangile, met les disciples de Jésus, non pas dans le rôle de ceux qui accueillent, mais dans le rôle de ceux qui sont accueillis. Quant on accepte d’être accueilli, on fait confiance, comme ceux qui accueillent font confiance. Les deux ont une mesure d’humilité, sachant qu’ils reçoivent et donnent, c’est un échange mutuel et libre. On dépend les uns des autres. La confiance se construit dans cette rencontre et dans cet échange. Car les deux, celui qui accueille et celle qui est accueillie, dépendent non seulement l’un de l’autre, mais ils dépendent les deux de celui qui les a créés et qui façonne et nourrit la terre et guide l’univers. Toutes ces choses nous dépassent de loin. Alors nous pouvons nous confier pour notre destin au Créateur de toute chose et cela passe directement par notre bienveillance envers “ces petits qui sont dans le besoin”.

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