Dimanche, 13 décembre 2020 – 3e Avent – Prédication par Hansuli Gerber
Textes bibliques: Jean 1, 1-8; 19-28; 1 Thessaloniciens 5, 4-11
Une période sombre
Nous vivons actuellement la période la plus sombre de l’année: Les nuits sont plus longues que les jours. Le soleil brillant dans un paysage enneigé et givré de ses derniers jours – et de ce dimanche! – nous fait beaucoup de bien. Mais ce que la lumière du jour est de courte durée! A peine monté, le soleil commence déjà à descendre. Nombre de personnes sont en manque de lumière en cette saison et les bougies et autres lumières sont bienvenues et nous réchauffent le cœur. Cette année, sous le poids sombre de la Covid, le peu de lumière pèse encore davantage, le manque de lumière est plus difficile à supporter et beaucoup d’entre nous ressentent un poids lourd et pas facile à porter sur le cœur et dans la tête. Il y a beaucoup de confusion et d’irritation autour de ce virus et plus encore autour des questions de comment gérer tout ça. Le meilleur conseil que je connais, c’est de rester humble et prudent, de ne pas proclamer à haute voix des recettes et ce que tout cela signifie.
La lumière, celle qui illumine chaque être humain, vient nous visiter
Alors aujourd’hui, ce 3e dimanche de l’avent, la bonne nouvelle vient à nous pour nous éclaircir l’esprit et les pensées peut-être sombres. Nous l’avons entendu au début du Psaume 27: Le « Seigneur est ma lumière et mon salut… »
Jean, l’évangéliste, annonce, dans son prologue à son récit de la vie de Jésus, la bonne nouvelle du verbe devenu chair et os. Jean le Baptiste, l’a annoncé à un peuple écrasé par les ténèbres de l’oppression multiple, politique et religieuse. La lumière qui était dès le début non seulement est venu dans le monde, mais elle illumine tout être humain.
En effet, selon le récit de la création en Genèse 1, les toutes premières mots prononcés par Dieu sont: « Que la lumière soit ». Et l’auteur ajoute: Et la lumière fut. La période de Noël, c’est le temps de nous rappeler que la lumière fut, que la lumière est là, parmi nous, même quand nous ne l’apercevons pas.
L’évangéliste Jean revient sur le récit de la création en disant que le verbe, c’est à dire la parole qui n’est pas une série de mots, mais qui est la force qui illumine tout ce qui existe, la puissance qui est amour et grâce, sans laquelle la vie ne peut exister, ce verbe, cette parole créatrice, est la lumière que Dieu envoie dans le monde en chair et os: Jésus, le Christ. En lui et par lui toutes choses sont réconciliées, comme l’affirme l’épitre aux Ephésiens. Cette affirmation nous la connaissons bien. La période de l’Avent et de Noël est l’occasion d’affirmer qu’en Jésus Christ, la création est ce qu’elle est. Dieu n’a pas envoyé son fils en dernier recours pour intervenir dans la misère terrestre, mais le Christ est présent dès le départ, dès les premières instants et les actions qui font survenir le ciel et la terre et qui font vivre tout ce qui est vivant. Ainsi, les paroles du Christ prennent leur plein sens: Je suis l’Alpha et l’Oméga, l’origine et l’accomplissement. Alors non, la terre et l’humanité ne sont pas un truc crée par un Dieu à l’extérieur qui lui a échappé et qu’il a du récupérer en urgence et en dernier recours. Le tout est le tout en Christ, qui est là dès la genèse de toute existence. Bien sûr, nous avons le soleil qui nous réchauffe et qui fait pousser la nature, mais l’ultime lumière du monde et de l’univers, c’est Jésus le Christ. Il est le soleil de grâce (Gnadensonne), soleil qui illumine non seulement la nature, mais qui illumine le plus profond du cœur et de l’âme humaine, avec toutes ses aspirations et ses ténèbres. Voilà ce dont il s’agit dans la période de l’Avent de à Noël: La lumière du monde vient nous visiter.
Musique: Chant 340 – Ta parole est lumière sur ma route
S’exposer à la lumière afin de pouvoir la reflèter
Jean, le baptiste, arrive en disant qu’il a un message important de la lumière éternelle venue sur la terre, mais que non, ce n’est pas lui la lumière, c’est celui qui a été présent dès les premiers instants de la création. Jean, le Baptiste, baptise avec de l’eau, tandis que celui qui vient baptisera par l’esprit divin. Comme Jésus l’a dit à la femme: Le jour vient, où les gens prieront non pas dans le temple de la ville sainte, mais ils prieront dans l’esprit de la vérité. C’est pourquoi nous ne devons pas désespérer si les églises ferment à cause de la covid. Au fond, nous n’avons pas besoin d’une église pour prier. Mais oui, c’est un privilège et un plaisir de l’avoir, mais ce n’est pas un besoin primordial, car l’esprit et la lumière ne sont pas enfermés dans un bâtiment que nous appelons la maison de Dieu.
Alors l’affirmation de Jean-Baptiste sera aussi la nôtre: ce n’est pas moi, ce n’est pas nous qui sommes la lumière, mais nous témoignons de la lumière. Les évangiles et les épitres du Nouveau Testament vont encore plus loin: c’est à nous de refléter la lumière divine. C’est ainsi que je comprends le message de l’épitre aux Thessaloniciens.
Mais pour refléter la lumière divine, il nous faut nous exposer à elle. Un peu comme la lune reflète le soleil tant qu’elle lui est exposé. Si nous affirmons que l’étincelle divine demeure en nous et en tout être humain, nous savons aussi que cette étincelle, pour briller et grandir, a besoin d’être nourrie par le souffle divin. Le silence, la méditation et l’écoute sont d’excellents moyens pour s’exposer à la lumière divine. Les témoignages d’hommes et de femmes durant les siècles le confirment. Ensuite, l’exercice de la bienveillance envers autrui est beaucoup plus un moyen de s’exposer à la vérité de la lumière qu’un devoir moral. Nous avons tous nos cotés sombres qui ont besoin d’être exposés à la lumière que nous contemplons dans la période de Noël. Laissons entrer cette lumière.
La venue de la lumière peut surprendre et ne correspond pas forcément aux attentes humaines
L’épisode relatée par l’évangéliste Jean dans le 1er chapitre:
Lecture Jean 1, 19 – 28
L’évangéliste raconte en détail l’insistance des dirigeants pour savoir qui est Jean-Baptiste en vérité. Les dirigeants sont prisonniers de leur éducation religieuse et de leurs idées fixes sur ce qui doit se passer et sur comment Dieu va intervenir. Il n’ont pas de place dans leur système de croyance pour ce personnage et son apparition.
La période de Covid que nous traversons démontre aussi à quel point notre société est fixée sur les idées reçues, que ce soit dans le domaine de la santé, le domaine de l’économie, de la culture ou encore de la foi. Chacun a une explication et une réponse selon son domaine. Mais que savons nous vraiment? Ce virus n’était pas connu avant 2020. La crise sanitaire et économique déclenchée par le virus virulent et imprévisible pour ne pas dire non-maitrisable aussi sont inédites. Nous sommes préparés pour toute sorte de crise, mais pas celle-ci. On avait mis en place des mesures pour prévenir au terrorisme, mais pas la covid. C’est une surprise, comme un voleur qui surprend ces victimes.
Cependant, ce n’est pas seulement la crise inconnue qui nous surprend, c’est la lumière divine et aussi la manière dont elle apparait dans nos vies et dans notre monde qui peut nous surprendre. Jésus l’a dit à plusieurs reprises: Dans l’évangile de Matthieu chapitre 24: 43, Jésus dit: « Si le propriétaire de la maison savait à quelle veille de la nuit le voleur doit venir, il veillerait et ne laisserai pas percer sa maison ». Un peu plus tard, dans chapitre 25,6: Au milieu de la nuit, on cria: « Voici l’époux, allez à sa rencontre! ». Sauf que tout le monde n’était pas préparé.
Non seulement nous étions tous surpris par l’apparition du virus covid-19, mais certain ont encore tendance à minimiser son arrivée ou son ampleur. Exemple: Avant-hier, le conseil fédéral annonce les nouvelles mesures, modérées pour ne pas trop énerver les milieux économiques. Hier soir, les chefs des hôpitaux universitaires de sonnent l’alerte et demandent le lockdown. Ce matin, le Tages-Anzeiger écrit: Irgendwie ist der Ernst der Lage nicht in den Köpfen angekommen. – En quelque sorte, le sérieux de la situation n’est pas arrivé dans les têtes. Les hôpitaux sont pleins, ils ne peuvent plus admettre de nouveaux patients et certains, comme des patients avec un cancer ne peuvent pas être opérés. Si nous devons faire attention, ce n’est pas seulement pour nous protéger nous, mais pour contribuer à ce que cette situation ne dégénère pas totalement dans la catastrophe. Ce genre de développement est prévue dans la bible et Jésus nous avertit d’être vigilant. Depuis l’apparition de la Covid, on m’a posé la question à plusieurs reprises: est-ce la fin des temps? Quel est le rapport? Je dirais que la fin des temps, c’est depuis que la Bible a été écrite, c’est à dire depuis que les humains ont pris conscience de l’histoire. Et oui, aujourd’hui, c’est en quelque sorte la fin des temps comme nous les connaissons. Mais ce n’est pas la fin du monde et cela dure depuis des générations et pourrait bien durer quelques générations. Ce n’est pas de notre ressort de déterminer l’année où le jour.
Cela dit, je suis convaincu que de nos jours où plein de choses nous échappent, une leçon nous est proposée: de rester humble face à une crise qui nous dépasse, et de rester ouverts et attentifs à la lumière envoyé par Dieu. Comme les contemporains de Jean-Baptiste n’avait pas de tiroir pré-conçu pour ranger l’apparition de Jean-Baptiste, nous n’avons pas de catégorie pour placer ce qui nous arrive. Le coupe de génie de la bible, c’est de nous mettre en garde dans les deux sens: rester humble, disponible, veillant quant à ce qui peut être une catastrophe, et en même temps s’exercer à être prêt pour accueillir la lumière de Dieu, son salut, son amour et sa grâce. Les deux choses sont liées.
Je vous souhaite la grâce de l’humilité et de la bienveillance dans cette période sombre mais sous la promesse de la grande lumière qui est la vie.